Monday, August 05, 2013

Rewriting History: Times Square's VJ-Day Kissing Sailor Turns Out to Be a "Sexual Predator"


So that's what it has come to: as Claire Guillot explains in Le Monde's Ce que l'on croit voir series, the kissing sailor in the Alfred Eisenstaedt photo at Times Square on VJ Day is attacked for "sexual aggression". "Greta Zimmer Friedman [a dental assistant and not a nurse] … wasn't in the street to celebrate and she did not want to be kissed, certainly not by a hunky sailor who was drunk." So let's get this straight: a man, a fighter, does not have the right to be inebriated, even when learning of the end of the most deadly war in history. As for Zimmer, the "Austrian refuge in the United States [who] lost her father and mother in the Nazi death camps" had no intention of celebrating the end of the most deadly war in history.

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On l'a longtemps prise pour l'image la plus romantique du monde, mais la photo d'Alfred Eisenstaedt n'a rien d'une scène d'amour. Dans cette image, tout semble parfait : un marin et une infirmière s'embrassent avec passion à Times Square pour célébrer la capitulation du Japon le 14 août 1945. Lui en uniforme sombre, elle tout en blanc, abandonnés dans une embrassade théâtrale, aveugles à la foule riante, sur la place la plus célèbre du monde. Publiée par le magazine Life, elle est devenue une icône, image symbole du "V-J Day" (Victory over Japan Day) et de l'euphorie qui l'a accompagné.

L'image est si parfaite qu'elle a longtemps été accusée d'être une mise en scène. D'autant que le photographe n'avait pas identifié les protagonistes. Au fil du temps, plusieurs marins et infirmières se sont reconnus. En 2012, The Kissing Sailor, de Lawrence Verria et George Galdorisi (éd. Naval Institute, en anglais), confirme que la scène était spontanée – contrairement au Baiser de l'Hôtel de Ville, de Robert Doisneau. L'ouvrage conclut que les héros en sont Greta Zimmer Friedman et George Mendonsa, tous deux encore vivants. Mais la sortie du livre déclenche une polémique : l'image cacherait... une agression sexuelle.

 … Le marin George Mendonsa, lui, est au cinéma avec sa petite amie (et future femme) Rita, quand une foule en liesse interrompt la séance. Ravi de ne pas avoir à retourner dans le Pacifique, le marin écume les bars, Rita sur ses talons. A Times Square, bien aviné, il aperçoit Greta Zimmer qui retourne au travail. Dans le livre The Eye of Eisenstaedt, le photographe écrit : "J'ai remarqué un marin venant dans ma direction. Il attrapait toutes les femmes à sa portée et les embrassait, jeunes comme vieilles. Puis j'ai remarqué l'infirmière, debout dans cette immense foule. J'ai fait le point sur elle, et, comme je l'espérais, le marin est arrivé, a attrapé l'infirmière, et s'est penché pour l'embrasser."

Greta Zimmer ne connaît donc pas le marin. Son abandon n'est pas une pose consentie mais contrainte. Sur une des quatre images d'Eisenstaedt, on la voit serrer le poing. En 2005, quand on lui demande ce qu'elle a ressenti, Greta Zimmer déclare : "Je sentais qu'il était très fort. Il me tenait très serré. Je ne sais pas quoi penser du baiser... c'était juste quelqu'un qui fêtait une occasion. Ce n'était pas romantique." Les célébrations de la victoire n'ont pas toujours été bon enfant, rappellent Robert Hariman et John Louis Lucaites dans le livre No Caption Needed (éd. University of Chicago, en anglais, 2011). L'article de Life consacré à l'événement en 1945 évoque des scènes de liesse, mais aussi des débordements, des violences. Six images de baisers accompagnent l'article. Mais "à l'exception de la photo du "Baiser de Times Square" d'Eisenstaedt, toutes les autres photos de baisers décrivent des actes plus lascifs ou transgressifs". C'est la plus consensuelle qui deviendra une icône, réduisant l'événement à ses aspects positifs.

 … Quand le livre The Kissing Sailor est publié, plusieurs auteurs, dont le blog féministe "Crates and Ribbons", soulignent "l'agression sexuelle" : Greta n'était pas là pour faire la fête, elle ne voulait pas être embrassée, encore moins par un marin costaud et saoul. Les réactions des internautes sont violentes. Beaucoup jugent cette lecture de l'image anachronique. Il est vrai que Greta Zimmer, la "victime", ne semble pas traumatisée.