Monday, August 19, 2013

Death of Jacques Vergès, lawyer who defended war criminals, terrorists, dictators


Jacques Vergès died on Thursday in Paris 
 reports the New York Times's Robert McFadden of
the French lawyer who embraced anticolonial causes and the role of devil’s advocate on a world stage to defend war criminals, terrorists, dictators and other notorious villains of the 20th century …

 … He died in the Parisian house where the Enlightenment philosopher Voltaire once lived, the publisher said in a statement.

 … Is a killer a terrorist or a patriot? Can laws be used to judge good and evil? For more than 50 years Mr. Vergès (pronounced vehr-JEZ) raised such questions in defense of clients who claimed to be acting for political causes, although they were charged with genocide, crimes against humanity, bombings, hijackings and the murder of innocents. 

They included the Nazi war criminal Klaus Barbie; the terrorist Ilich Ramírez Sánchez, a k a Carlos the Jackal; and Cambodia’s Khmer Rouge head of state, Khieu Samphan. Mr. Vergès also sought to defend the former presidents Saddam Hussein of Iraq, who was executed for crimes against humanity, and Slobodan Milosevic of Serbia, who represented himself in a war-crimes trial but died before a verdict. 

Like many of his clients, Mr. Vergès, the son of a Vietnamese woman and a French diplomat, was an enigma. Assassins targeted him. There were hints of ties to secret services, to terrorists he defended and to Mao Zedong, Che Guevara and other revolutionaries. He was a confidant of Pol Pot, the tyrant blamed for the deaths of at least 1.7 million Cambodians. He married a terrorist he saved from the guillotine, but left her and his two children and disappeared for eight years. 

“He’s a slippery man,” the director Barbet Schroeder, who made “Terror’s Advocate,” a 2007 documentary on Mr. Vergès and terrorism as a political weapon, told The New York Times in 2007. “You can never touch him. He loves the mystery. The reason is that there are certain things he cannot talk about. He would be in deep trouble if the truth came out.” 

 … “I practice the ‘defense de la rupture,’ ” Mr. Vergès told The New York Times during his work on the Barbie case [his defense of Klaus Barbie, the wartime Gestapo leader known as “the Butcher of Lyon” for his role in the torture, execution and deportation to death camps of thousands of French citizens], referring to a tactic of confronting the judicial system rather than working within it. “My law is to be against all laws. My morality is to be against all morality.”

 … After the war, he studied law at the University of Paris, joined the Communist Party and, in 1949, became a leader of an anticolonial student movement. His student friends included Khieu Samphan and Saloth Sar, the future Pol Pot. In the early 1950s, Mr. Vergès led a Communist youth organization in Prague.

 … In 1970, Mr. Vergès disappeared. His whereabouts remained a mystery, although he was rumored to be in Cambodia with Pol Pot and in the Middle East with Palestinian groups. He reappeared in Paris in 1978 and resumed his law practice.

His ties to Carlos the Jackal were murky, but probably dated to 1982, when he defended Magdalena Kopp, the terrorist’s girlfriend and accomplice (and later his wife), who was caught with explosives in Paris. Wanted for many terrorist acts in the name of Palestinian liberation in the 1970s and ’80s, Carlos, who was born in Venezuela, was captured by French agents in Sudan in 1994 and flown to Paris. 

 … After Saddam Hussein was captured in 2003, Mr. Vergès, who had been hired to defend other ousted Iraqi leaders, offered to represent him, but the Hussein family chose another lawyer. Mr. Hussein was executed in 2006. Mr. Vergès also offered to defend Mr. Milosevic, but Mr. Milosevic chose to represent himself in a trial that began in The Hague in 2002. He died in 2006 before the case could be concluded. 

In 2008, as Khieu Samphan made his first appearance before Cambodia’s genocide tribunal, Mr. Vergès, representing his old friend, created a tumultuous scene and stormed out after erupting at a panel of judges because documents for the pretrial hearing had not been translated into French.
He argued that his client had held no real power as Cambodians had died of starvation, disease, forced labor and massacres during the brutal Khmer Rouge drive to create a classless society. He insisted that the power — and responsibility for the Cambodian tragedy — had belonged to Pol Pot, who died in 1998.
Jacques Vergès … est mort jeudi 15 août, à l'âge de 88 ans
écrit Franck Johannès et cela, "Avec un certain panache",
dans la chambre même où Voltaire a poussé son dernier soupir, le 30 mai 1778, comme l'a découvert L'Express. 
Avocat brillant, redouté et parfois haï, Me Vergès s'était construit avec un rare plaisir une statue toute de cynisme et de provocation, et feignait d'aimer qu'on ne l'aime pas. Il a confié un jour, entre deux bouffées de cigare, "j'ai le culte de moi-même", et, agitateur de génie, il avait réussi à brouiller à plaisir sa propre biographie.

AMI DE POL POT

 … Le jeune homme parcourt l'Europe en guerre, l'Algérie, le Maroc et finalement l'Allemagne occupée, et il garde de ces années de guerre "un souvenir merveilleux". Il adhère au Parti communiste français en 1945 et devient, pendant cinq ans, selon sa propre formule, "un petit agitateur anticolonialiste au Quartier latin". A la tête de l'association des étudiants réunionnais, il se lie avec Mohamed Masmoudi, futur ministre de Bourguiba, ou Pol Pot, futur bourreau du peuple cambodgien.

Le parti prend sa formation en main, et, de 1951 à 1954, il devient membre du comité exécutif, puis secrétaire de l'Union internationale communiste des étudiants. Il vit à Prague, voyage beaucoup, côtoie Erich Honecker, qui sera chef de l'Etat est-allemand, ou Alexandre Chelepine, devenu patron du KGB. Mais Vergès ne souhaite pas s'imposer dans le parti en France, et à 29 ans, démissionne, retourne à La Réunion et s'inscrit au barreau.

"JE SUIS PASSÉ DE L'AUTRE CÔTÉ DU MIROIR"

 … Le FLN l'envoie au Maroc, où il devient conseiller du ministre chargé des affaires africaines, et quand l'Algérie accède à l'indépendance, le voilà converti à l'islam et citoyen d'honneur de la jeune République. Mais Jacques Vergès s'éloigne de Moscou et se rapproche de Pékin, il quitte Alger, est reçu par Mao, on le croise un temps à Beyrouth aux côtés de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Et il disparaît.

Pendant huit ans. Le Monde du 26 mai 1970 publie un petit entrefilet, "Me Vergès, dont la famille était sans nouvelles depuis le 17 mars, a fait savoir à son éditeur, M. Jérôme Lindon, qu'il était en bonne santé à l'étranger". Jacques Vergès a entretenu sa légende, laissé dire ou fait courir les bruits les plus divers – la thèse la plus communément retenue serait qu'il était au Cambodge avec son ancien copain Pol Pot.

Un jour, Vergès réapparaît. Egal à lui-même, avec ses lunettes rondes, son sourire ironique et son petit costume. Lorsqu'on l'interroge, il répond, "Je suis passé de l'autre côté du miroir. C'est ma part d'ombre". Et d'ajouter : "Je suis revenu aguerri – notez le terme, il est juste – et optimiste".

"J'APPRENDS QUE VOUS DÉFENDEZ BARBIE..."

Avocat, Vergès défend Bruno Bréguet et Magdalena Kopp, les compagnons de Carlos, convaincus d'avoir transporté des explosifs. Il défend le terroriste vénézuélien lui-même ; la Stasi, la police secrète d'Allemagne de l'Est, assurait qu'il l'avait approché dès 1982. Carlos a même dit au juge d'instruction qu'il avait choisi Vergès parce qu'il était "plus dangereux" que lui. L'avocat avait apprécié. "C'est un homme extrêmement courtois. Je pense que c'est un hommage : le combat des idées est un combat aussi dangereux que celui des bombes."

Me Vergès défend aussi Georges Ibrahim Abdallah, condamné à la perpétuité et toujours en prison ; antisioniste passionné, il navigue toujours sur la crête de l'antisémitisme. Il finit en 1987 par défendre Klaus Barbie, l'un des chefs de la Gestapo de Lyon de 1942 à 1944 – c'est pour l'ancien résistant l'occasion d'obtenir une tribune "pour dénoncer le colonialisme". La nouvelle ne décourage pas ses proches. Jean Genet lui écrit : "J'apprends que vous défendez Barbie. Plus que jamais, vous êtes mon ami."