Thursday, September 04, 2008

"We Seem to Have Forgotten Everything": The West's Soviet Holocaust Denial

L'important, c'est ce que le conflit révèle à propos de la perception qu'a la Russie de sa place dans le monde moderne et de la manière dont elle entend entrer en interaction avec les autres membres de la communauté internationale
writes former Polish President Aleksander Kwasniewski in Le Monde.
Là repose le principal défi de politique étrangère. Quand Vladimir Poutine a décrit la chute de l'Union soviétique comme le « désastre géopolitique majeur du siècle dernier », il ne s'est pas seulement exprimé au nom d'une étroite caste de politiciens et de responsables de la sécurité au sommet de l'Etat russe. Il a formulé un sentiment de perte partagé par une large majorité de la population russe.

…L'Europe et les Etats-Unis devraient travailler à concrétiser ces espérances dans le cadre de frontières légitimes. Nous ne pouvons accepter le contre-argument souvent avancé dans les milieux russes, que le déclin de la Russie a été le résultat d'un plan occidental délibéré pour l'ébranler, et dont la compensation devrait à présent prendre la forme d'une complète remise à plat des accords postérieurs à la guerre froide. C'est cette mentalité qui a été la véritable cause du conflit en Géorgie.
Malheureusement, il semble que certains en Occident soient disposés à partager cette vision des choses et à soutenir que le processus d'intégration euro-atlantique est critiquable parce qu'il a empiété sur les intérêts légitimes de la Russie, provoquant ainsi sa réaction. Bien que personne ne propose de faire marche arrière, beaucoup de voix s'élèvent pour suggérer que ce processus devrait être interrompu et les limites orientales de l'Union européenne et de l'OTAN, figées dans le marbre. Nous devons être clairs. C'est l'Europe du congrès de Vienne de 1815 et de Yalta de 1945. C'est l'Europe des puissances et des sphères d'influence, des grandes puissances fixant le destin des petites nations d'un coup de stylo. C'est l'Europe que nous sommes supposés avoir laissée derrière nous.
L'expansion de l'OTAN et de l'Union européenne n'a pas été le résultat de quelque grand dessein impérial conçu à Washington et Bruxelles. Elle est issue d'abord et avant tout du désir des nouvelles démocraties indépendantes d'ancrer leurs efforts de réformes au sein d'institutions internationales fondées sur des valeurs démocratiques. Le désir d'adhésion des nations européennes encore laissées à l'écart de ces institutions obéit à la même motivation. Si nous leur fermons la porte, non seulement nous violerons le principe d'autodétermination supposé être la pierre angulaire de la nouvelle Europe, mais nous créerons aussi une zone d'incertitude géopolitique, et peut-être d'instabilité, à notre porte.
Bien entendu, il faut éviter les tensions inutiles avec la Russie. Mais nous devons aussi veiller à ce que les stratégies visant à résoudre les différends et à éviter les conflits n'envoient pas de signaux de faiblesse, en particulier à un moment où les interprétations triomphalistes du conflit en Géorgie menacent de nourrir les illusions nationalistes. De telles erreurs de communication peuvent aussi susciter des réponses agressives fondées sur une assurance excessive, et l'idée, fausse, selon laquelle des opportunités sont à saisir. Ceux qui pensent que mettre un terme à l'intégration euro-atlantique fournira de quoi réparer rapidement nos relations avec la Russie pourraient avoir une mauvaise surprise.
…Continuer à freiner les plans d'action pour l'intégration de l'Ukraine et de la Géorgie reviendrait à envoyer un signal totalement erroné : cela indiquerait l'acceptation tacite d'une division de l'Europe en sphères d'influence. Nous ne pouvons donner crédit à l'idée que la Russie bénéficie d'un statut prédominant qui mordrait sur les droits souverains de ses voisins. Ce fut le premier objectif du conflit russe contre la Géorgie et nous devons être fermes en le rejetant, en application d'un principe de politique européenne - si maladroit pour nos relations que cela puisse se révéler à court terme.
Thierry Wolton's article on Russia's heavy Soviet heritage and the West's "[Soviet] Holocaust denial", also in Le Monde, deserves to be quoted (emphasis mine) in full:
…La plupart des analyses et commentaires consacrés à la crise russo-géorgienne passent sous silence l'héritage communiste qu'elle révèle. La chute de l'URSS date d'un peu moins de deux décennies, mais nous semblons avoir tout oublié. Or, il est difficile de comprendre ce qui se passe dans le Caucase sans intégrer cet héritage.
Nombre de bons esprits justifient la politique actuelle de la Russie en invoquant la continuité avec l'Union soviétique tout en négligeant la dimension communiste de ce que fut cette entité. On nous assène comme une évidence que Moscou veut simplement retrouver les frontières de l'URSS comme si celles-ci lui appartenaient de droit. Drôle de conception de l'histoire.
L'URSS s'est construite dans le feu et le sang, par l'écrasement des peuples du Caucase et d'autres encore, à l'ouest, au nord de ses frontières. Elle s'est consolidée par la mise en coupe réglée des peuples qui occupaient ces régions, à qui fut imposé le système communiste. Des centaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants ont été assassinés ou déportés massivement, payant de leur vie cet impérialisme. Invoquer les frontières de l'URSS pour excuser aujourd'hui la politique de la Russie est une forme de négationnisme lorsqu'on oublie le drame de cette histoire.
Pourquoi escamoter ce passé quand les dirigeants russes en sont imprégnés ? C'est le précédent soviétique qu'ils ont en tête quand ils revendiquent de nouveaux droits impériaux. Vladimir Poutine, dont nul ne peut douter qu'il dirige à Moscou, est un nostalgique de l'URSS. Ne proclama-t-il pas, dès son entrée en fonctions, à la fin des années 1990, que la chute du système soviétique avait été la pire catastrophe jamais arrivée à la Russie ? Ce n'est pas l'Union soviétique en stagnation de l'époque de Brejnev que regrette Poutine mais celle triomphante et criminogène de Staline.
Les historiens russes ont pour devoir, sur ordre du Kremlin, de réhabiliter le dictateur, d'en faire un héros de la nation. Ajoutons qu'aucun dirigeant actuel n'a cru bon, jusqu'à présent, d'exprimer la moindre repentance pour ce passé. Au contraire, Poutine et les hommes en uniforme qui l'entourent se réclament avec fierté de la tradition tchékiste, du nom de cette police politique connue sous diverses appellations (GPU, NKVD, KGB...) qui fut le bras armé du Parti communiste, l'exécuteur de ses basses oeuvres.
Osons une comparaison hardie mais pertinente. Si au milieu des années 1960, soit deux décennies environ après la défaite du nazisme, l'Allemagne avait été dirigée par des nostalgiques de Hitler, plus grave encore par les héritiers spirituels des SS et de la Gestapo (ce que fut à la fois l'ancien KGB dont sont issus Poutine et son entourage). Imaginons encore que cette Allemagne décide, par exemple, de récupérer les Sudètes. Parlerions-nous avec autant de désinvolture de "frontières naturelles" ?
C'est parce que les Géorgiens n'ont pas oublié ce que fut l'occupation soviétique qu'ils ne veulent surtout pas d'un retour en arrière. De même pour les Moldaves, la Crimée, l'Ukraine (les prochains sur la liste de cette recomposition de l'URSS d'antan ?), sans parler des pays de l'Europe centrale et orientale ni des Baltes, nos compatriotes européens. Tous ces peuples ne sont pas frappés par notre amnésie et craignent la politique impériale de Moscou.
On peut certes évoquer les racines slaves présentes dans certains de ces pays pour légitimer la politique du Kremlin, mais pourquoi alors ne pas laisser aux peuples concernés le choix de décider s'ils souhaitent ou non s'abriter dans le giron moscovite ? Le régime poutinien, qui hait la démocratie, de crainte d'avoir un jour à rendre des comptes à des électeurs libres, n'est guère dans cette logique. La militarocratie au pouvoir au Kremlin conçoit le monde en termes de rapports de forces. Ces tchékistes, orphelins de Staline, ne connaissent pas d'autre culture politique.
Une Russie démocratique ne se serait pas lancée dans cette aventure militaire. Quant au discours qui consiste à interpréter la politique du Kremlin comme une réaction à l'encerclement occidental, à inverser la culpabilité en accusant Washington d'avoir poussé Moscou à réagir, il fait également fi de la nature particulière de ce régime. La diplomatie de nuisance pratiquée par Poutine sur la scène internationale depuis quelques années (chantage au gaz, blocage sur le nucléaire iranien, front commun avec la Chine, armement de la Syrie...) a de quoi susciter la méfiance occidentale.
Cette diplomatie s'inscrit dans la logique de la politique menée par le Kremlin à l'intérieur du pays. Un régime qui opprime son peuple représente toujours un danger pour ses voisins. Après avoir muselé les Russes, la militarocratie poutinienne passe à l'offensive à l'extérieur. Et à l'instar de tout régime fort, celui-ci sait jouer du nationalisme pour faire croire à sa légitimité (les JO de Pékin ont fourni sur ce point une démonstration exemplaire).
Entériner le coup de force du Kremlin au nom du fatalisme géopolitique (la prétendue "zone d'influence" de Moscou) est le pire des services à rendre au peuple russe, à la Russie elle-même et à ses voisins. Un Poutine libre de faire ce qu'il veut en Géorgie se sentira encouragé à opprimer davantage encore son peuple et à lorgner sur d'autres prétendus dominions proches. Une blague de l'époque soviétique disait que l'URSS avait des frontières avec qui elle voulait. Ce n'est pas (encore) le cas avec la Russie actuelle mais l'homme fort du Kremlin en rêve sans doute.
Dans cette crise il ne faut pas se tromper d'analyse. La question caucasienne ne consacre pas un retour sur la scène internationale de la puissance russe mais sanctionne plutôt l'extrême difficulté qu'éprouve ce pays à sortir du communisme faute d'avoir su et voulu, jusqu'à présent, regarder son terrible passé en face. Au-delà des logiques d'Etat, il y a dans la situation présente une dimension morale essentielle qui devrait conforter nos démocraties dans leur bon droit par rapport à un adversaire (n'ayons pas peur du mot) qui aimerait bien imposer son ordre en Europe après avoir réussi à le faire chez lui, en s'inspirant d'une histoire condamnée par le sens commun.
"Nous semblons avoir tout oublié": We seem to have forgotten everything. "Une forme de négationnisme": a form of Holocaust denial. Indeed, this is proven all too well, once again, by the tasteless and gutless comments of Le Monde readers willing (and how!) to suck up to Moscow: comments that explain that Russians today are persecuted, and that notably the Russians of 2008 were/are the victims because… Stalin and Beria — who are compared to American gangsters! — were Georgian!!
  • l'URSS ? Parlons-en ! Staline et son tortionnaire n°1 Béria (et sa bande de voyous dignes d'Al Capone) étaient GEORGIENS, non Russes.
  • Le soi-disant héritage soviétique est dans la continuité du pouvoir des tsars ... y compris d'Anne de Kiev, tsarine de Russie. Quant aux Géorgiens Staline et Beria, ce sont les Russes qui les ont subis. Wolton oublit de nous dire que la Crimée n'a jamais été ukrainienne sauf depuis Kroutchev, que les Russophones sont persécutés dans pas mal de républiques ex-soviétiques
  • Les russes n'ont pas le gène de la terreur, cet article est réducteur et partial. A tout pouvoir il faut un contre pouvoir.Si les Russes se relèvent, tant mieux pour eux. On peut juste espérer que ça incitera les ricains à faire gaffe à leur stratégie internationale.(peu probable). Rien de neuf en fait. Le passage de l'URSS et de la chine à une économie de marché est peut-être la pire chose qui soit arrivée aux USA. A suivre
Where many Le Monde readers seem to be outraged by the comparison between Germany's Nazis and Russia's Commies — how dare anybody stoop so low?! — Rutgers University Professor of political science Alexander J. Motyl has this to say in the International Herald Tribune:
Russia's blitzkrieg against Georgia has taken place 70 years after the infamous Munich Agreement of September 29, 1938, when France, Britain and Italy agreed to cede Czechoslovakia's Sudetenland to Nazi Germany in the hope of establishing "peace in our time."

Like Hitler's Germany, Vladimir Putin's Russia is a post-imperial authoritarian state that must expand. The Soviet empire's collapse in 1991 left the Russian population feeling humiliated; economic collapse in the early 1990s only compounded their demoralization. As in Germany, Russians blamed democracy for their collapse and humiliation. And, as in Germany, a strongman promising greatness and glory seized power, dismantled democracy, and created an authoritarian, hyper-nationalist regime with a personality cult based on promises to re-establish imperial greatness.

The war against Georgia is not the first instance of Russia's aggressiveness vis-à-vis its former colonies. Estonia was the target of a cyberwar; Latvia, Lithuania, Belarus, Ukraine and the Czech Republic have been subjected to energy cut-offs; Georgia, Moldova and Ukraine have been punished by trade sanctions.

These states, like all of Russia's non-Russian neighbors, know that the war in Georgia is really about them.

The Munich Agreement is considered a classic example of the perils of appeasement. Had the democracies said no then, it's possible that World War II could have been averted. At some point — and that point surely arrived with Russia's invasion of Georgia — the West must learn to say no to Russia. Expelling Russia from the G-8 would be symbolically nice, but Putin would respond with a laugh. Only an "anti-Munich" would say no in a meaningful fashion: Admit Ukraine and Georgia into NATO's Membership Action Plan — immediately. Putin will glare in response; he will threaten retaliation — and then, like all loud-mouthed dictators, he will acquiesce.