Wednesday, September 12, 2007

Ce délire d'une France admirée pour ses performances multiples et appelée sur tous les continents en arbitre suprême des tensions internationales

Aucun pays au monde, pas même les Etats-Unis, l'Inde, la Chine ou la Russie, ne prétend, comme nous, éclairer la planète. Jusqu'ici, cette prétention à une sorte de magistrature morale de l'humanité tenait encore lieu de poil à gratter dans la communauté internationale, elle a aujourd'hui l'effet limité d'un gaz hilarant.
Paul Giacobbi, député PRG de Haute-Corse, membre de la commission des affaires étrangères, évoque dans Le Monde le "décalage calamiteux entre notre délire diplomatique et une réalité cruelle".
A l'inverse des discours lénifiants qui se répètent rituellement de président à président et de ministre à ministre sur le rôle, phare bien sûr, de la France dans le monde, notre diplomatie cache de plus en plus mal son état cadavérique, entre arrogance et médiocrité, feux d'artifice et misère, inefficacité et autosatisfaction.

…Mais son discours reste imprégné de l'idée que notre diplomatie a vocation à éclairer le monde de nos lumières et à étonner l'univers par nos performances. Qui dans le monde peut entendre sans rire que "la France a encore beaucoup à apporter au monde parce qu'elle a l'un des peuples les plus dynamiques et les mieux formés, l'une des économies les plus performantes, une diplomatie et des forces armées parmi les meilleures", comme l'a affirmé Nicolas Sarkozy ?

…Cédant à cette manie de croire que le monde se réveille la nuit pour nous appeler à l'aide, Bernard Kouchner, qui est pourtant un réaliste et un connaisseur de la vie internationale, se laisse aller à dire que "de l'Amérique latine au coeur de l'Afrique, en Europe comme en Asie, dans les situations les plus embrouillées et les plus dangereuses, on nous appelle".

…A force de rechercher une flamboyance qui n'éclaire plus que nos propres yeux, nous en oublions que le seul but d'une politique étrangère est de servir nos intérêts nationaux. Bernard Kouchner évoque avec réticence nos intérêts nationaux et s'il concède en fin de son discours aux ambassadeurs qu'il "est essentiel de définir et de mieux servir nos intérêts nationaux", c'est pour nuancer aussitôt : "L'appréciation de nos intérêts ne s'applique pas seulement à ces ambitions objectives. Elle touche aussi à l'image que nous avons de nous-même, à la fidélité à nos valeurs, notre vocation."

Aucun pays au monde, pas même les Etats-Unis, l'Inde, la Chine ou la Russie, ne prétend, comme nous, éclairer la planète. Jusqu'ici, cette prétention à une sorte de magistrature morale de l'humanité tenait encore lieu de poil à gratter dans la communauté internationale, elle a aujourd'hui l'effet limité d'un gaz hilarant.

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