Saturday, November 26, 2005

Ce sont toujours des banlieues rouges ... à sang pour sang

Avant de partir sur la planète MaBoule avec son nouveau pote Dieudonné, Alain Soral avait fourni cette analyse sur la dérive des banlieues dans son livre 'Abécédaire de la bêtise ambiante' (Éditions Blanche, 2002).

Des banlieues rouges aux banlieues beurs

Je me souviens de la banlieue populaire des années 60 ; issus de l’exode rural et de l’immigration, les travailleurs y vivaient en bonne intelligence, et dans le plein emploi aux usines Renault de Billancourt tout près.

Aucun racisme contre les anciens immigrés ; dans cette cité-dortoir sans passé, tous étaient fiers d’être originaires d’un ailleurs historique : breton, savoyard, italien, espagnol, polonais... Petite nuance pour les Noirs africains qu’on trouvait rigolos (comme dans Tintin au Congo) ; les Antillais un peu cons qui ne rêvaient que d’astiquer leur BM d’occase le dimanche sur le parking. Les seuls qui posaient problème, déjà, c’étaient les Algériens qui se tenaient à l’écart dans la solitude, la peur, l’islam et la Sonacotra, et dont les jeunes, peu nombreux encore, foutaient déjà la merde : agressions de postiers, glaviots, insultes, bagarres...

Mais ce mélange tenait, fraternel, grâce à l’idéologie du travailleur collectif ; le respect de celui qu’on côtoie tous les jours sur le lieu de travail ; le travail partagé au quotidien qui rapproche les gens et abolit les préjugés. Cette solidarité ouvrière, internationaliste, inculquée par le Parti, qui s’opposait à l’ethnisme de droite aujourd’hui en vigueur chez tous les gauchistes. Un petit peuple des banlieues structurellement moins raciste que les petits-bourgeois et les commerçants ; quant aux grands bourgeois qui vivaient ailleurs, pour eux comme toujours la banlieue c’était du cinéma, voire de la science-fiction.

Alors que s’est-il passé ?

Crise du pétrole de 1973 et raréfaction de l’emploi, clament les gauchistes, marxistes quand ça les arrange.

Pourquoi la raréfaction de l’emploi aurait-elle dissous la morale ouvrière, quand la morale ouvrière, faite de conscience et de solidarité de classe, venait justement de sa lutte contre la misère ?

En général c’est plutôt l’embourgeoisement qui dissout la morale et les solidarités (les li-li-bo-bos en savent quelque chose). Or, le moins qu’on puisse dire c’est qu’en banlieue, depuis 1973, il n’y a pas eu embourgeoisement !

Le vrai changement vint du « regroupement familial », décrété par Giscard en 1974.

Alors qu’avec le « premier choc pétrolier », l’emploi devenait rare et l’immigration beaucoup moins nécessaire à l’économie nationale ; alors que la continuation de la politique gaullienne eût été de renvoyer chez eux ces travailleurs exploités, avec pécule et savoir-faire, le gouvernement de droite de l’époque, contre toute logique, décréta l’aberrant « regroupement familial ». Dorénavant ces travailleurs solitaires, maintenus jusque-là isolés de la population française, auraient le droit de faire venir leurs femmes, et tous les fils qui naîtraient de ces esclaves humiliés et de leurs épouses brutalement déportées deviendraient français !

Bombe à retardement, quand on songe que tout ces z’y va qui pourrissent aujourd’hui l’ambiance seraient encore dans les couilles de leur père !

Décision étrange, prétendument humaniste, qui a changé pour toujours le visage de la France et qui est peut-être en train de la foutre en l’air.

Bêtise ou... stratégie ?

Une fois de plus la bourgeoisie française, qui vit depuis toujours dans la terreur de son peuple de gauche (1793, 1848, 1871, Pétain...), choisit la politique du pire pour ne pas avoir à rogner sa rente et partager les richesses...

Le regroupement familial ne fut pas une naïveté humaniste de grand bourgeois qui plane, mais un projet pervers, dégueulasse : transformer les banlieues rouges à très forte conscience et solidarité de classe (avec un PCF à 30 %) en banlieues beurs.

Car on ne dira jamais assez à quel point la maghrébisation, l’africanisation, la tiers-mon-disation de la France ont fait baisser vertigineusement le niveau de civisme et de civilité de la population française. À quel point ce recul du niveau de conscience démocratique fut voulu par le patronat et le pouvoir : des voyous et des abrutis plutôt que des ouvriers conscients de leurs droits... et de leurs devoirs. Il y eut un procès Pétain, on peut rêver d’un procès Giscard.

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